En hommage affectueux à mon père, Roger DAPPELO, l'auteur de cette poésie.
Sans son talent, je n'aurais sans doute pas autant aimé les mots.
Je suis jaloux de l'eau destinée à son bain
Dont les baisers mouillés, sur sa peau de satin,
De son épaule nue en cascades ruissellent,
Et sur ses seins, pareils à ceux d'Antiope, perlent.
Qui mêlent ses cheveux parfumés d'origan
Et relèvent, hardis, sa robe trop légère
Découvrant de son corps la beauté passagère.
Je soir jaloux - pardon ! - du limpide miroir
Où cette autre Vénus se mire chaque soir.
Je suis jaloux de l'air qui remplit ses narines
Et sa bouche jolie aux lèvres corallines.
Je suis jaloux du fruit qu'en riant elle mord
Et de l'enfant câlin qui sur son sein s'endort.
Je suis jaloux du drap qui recouvre sa couche,
Et de l'oreiller même où se pose sa bouche.
Et lorsque la Camarde aura passé son seuil
Je sens que je serai jaloux de son cercueil
Dans lequel dormiront ses charmes infidèles
Veillés d'une croix blanche au milieu d'immortelles.