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dimanche 1 avril 2018

César, un sculpteur décompressé

L'expo César vient juste de fermer ses portes à Pompidou. Cet article pour y faire un petit tour rétrospectif…

Vingt ans après sa mort


Il y a vingt ans mourait César. Voici ce qu'en disait Claude Serrillon au journal télévisé
d'alors.


Le sculpteur est renommé surtout pour ses voitures compressées, et bien sûr pour la statuette récompensant chaque année les lauréats des "Césars". Connu aussi de ceux qui sont passés sous le pouce gigantesque exposé à la Défense, ou aux pieds (pardon aux sabots) de son Centaure se pavanant dans le 6e arrondissement de Paris, ou encore auprès des formes généreuses de sa Vénus de Villetaneuse …etc.
Bien qu'il ait rejoint le courant des Nouveaux Réalistes (en 1961), César est un artiste à part : avec sa faconde toute marseillaise (où il naît en 1921), ses pratiques artisanales et sa manière rude de railler la société de consommation.

Une faconde marseillaise pour un sculpteur décompressé


À Marseille, son père y tenait un bar dans le quartier de la Belle-de-Mai. Là, César a dû bien s'imprégner de l'ambiance pagnolesque de la ville. De même un peu plus tard, après les Beaux-Arts, lorsqu'il installe son atelier dans un ancien bordel de la "rue de l’Échaudé", dont les chambres avaient été bouclées suite à la loi Marthe Richard.

Il suffit de le voir et de l'écouter parler dans cette vidéo pour certifier cette origine. 


Des pratiques artisanales

Les instruments de César, c'étaient le chalumeau, le poste de soudure à l'arc, la presse hydraulique.
Et un peu plus tard, le pistolet à peinture, la balance et les éprouvettes du chimiste. Son atelier ressemblait à un chantier. Là, il soudait fragments et déchets de métal récupérés. Il écrabouillait ses voitures. Il donnait forme aux résines et libérait d'expansives mousses de polyuréthane.


Railler la société de consommation


César avait vu juste : tout casse de plus en plus vite. Par exemple dans sa "Suite milanaise", en compressant, puis en laquant des voitures neuves, il dresse un violent réquisitoire contre notre société de surconsommation. Une critique sans appel, mais non exempte d'un certain humour, le dérisoire mettant le grappin sur la froideur industrielle, sur sa prétention. Sans oublier qu'à cette époque ­(les années 60-80) la voiture était reine, elle constituait le symbole de la réussite sociale. 



Et dans ses Enveloppages, lorsque César emballe une paire de chaussures, ou une machine à écrire Olympia, dans des linceuls de feuilles de plastique transparent, il montre la futilité de chaque objet, combien il adhère à une époque donnée, comment l'avenir proche se moquera de ses prétentions à l'élégance ou à la modernité.
Finalement, la seule trace sérieuse qui subsiste, c'est celle de l'artiste et de son œuvre ! 
Preuve de l'humour du sculpteur, ce qu'il disait de ses réalisations : "Souvent quand je me trompe, c'est mieux que quand je me trompe pas"

À Pompidou, tout un étage en perspective

Exceptionnellement, les cloisons du 6ème étage ont été enlevées.
Avec tout Paris en toile de fond au travers des grandes baies, les sculptures apparaissent magnifiquement dans cette large perspective. Comme le dit l'article du Parisien , "on se sent comme dans le loft XXL d'un collectionneur". Les différents lieux se succèdent bien visuellement les uns aux autres : fers soudés, compressions, empreintes humaines, expansions, enveloppages…


Les enfants sont conquis

César… Est-ce son bestiaire (esturgeon , piquant scorpion, autruche sur patin à roulettes, gallinacés) qui amuse les enfants ?


Est-ce sa manière de tout agrandir (un pouce, un sein, une coulure) qui les fait rigoler ?

Est-ce cette liberté qu'il prend en écrabouillant les choses, alors qu'eux doivent "faire attention" ?
Est-ce son humour partout perceptible ?
Toujours est-il que les enfants ne présentent pas ici la mine affligée qu'ils affichent souvent dans les expos. Par hasard, j'ai eu la chance de faire ma visite un mercredi après-midi, et le plaisir d'être là que les mouflets manifestait était communicatif. C'est dans mon esprit un compliment sincère pour l'artisan-artiste.










Dans l'émission Entrée libre sur France 5 de Claire Chazal, un reportage consacré à l'expo :




Une visite complète et commentée par Guy Boyer, directeur de la rédaction de Connaissance des Arts :