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dimanche 6 novembre 2016

L’expo Hergé au Grand Palais : le monde de Tintin


Panoramique d'une grande fresque couvrant toute une salle de l'expo

Voyages

Est-t-il possible de voyager de Shanghai à Caracas, de Syldavie au Congo colonial, du désert d’Arabie aux neiges du Tibet, jusque sur la Lune, le tout sans quitter Bruxelles ? Oui, c’est tout à fait faisable ! Il suffit de lire les albums de Tintin, de les relire, ou encore de passer quelques heures au château de Moulinsart, pardon, au Grand Palais.
Trois conditions requises pour ce dernier choix : avoir de 7 à 77 ans (à moins de s’appeler Michel Serres qui affirme avoir une dispense), être un tant soit beaucoup tintinophile (sans toutefois forcément aller, comme Pascal Bruckner, jusqu’à connaître les immatriculations des navires et des voitures), se transporter à Paris-Concorde (une broutille pour qui veut prendre pour modèle notre globe-trotter) et s’acquitter de la somme peu modeste de 14 €. Mais enfin, 14 € pour franchir tant de kilomètres en hydravion, train d’altitude, cargo esclavagiste ou fusée intersidérale, ce n’est pas le Pérou.

À la rencontre de fameux personnages


Parcourant les dix salles de l’expo, on tombe sur une kyrielle de célébrités mondiales.

Tintin d’abord, le justicier puceau (M.Serres), l’enfant de la bulle (M.Daubert) , le fils Courage sans parentèle, l’ado rien du tout (ce que signifie tintin) qui pourtant peut remuer le monde.

Milou, le fox-terrier arachnophobe, fan de whisky, amateur d’os. N’ayant qu’une gueule unique (pardon, qu’une bouche, puisqu’il est doté de parole), il est arrivé que l’héroïque Milou délaisse un beau spécimen à moelle pour pouvoir rapporter le spectre du roi Muskar XII. Il semblerait qu’à ce jour, Milou soit le seul chien promu Chevalier dans l’ordre du Pélican d’Or syldave.


Le capitaine Haddock, Archibald de son prénom, mille sabords, toujours entre deux
verres, trois insultes et un sparadrap...

Tournesol, qui n’est certes pas un zouave,
mais un professeur émérite bien dur d’oreille (Non, je n’hérite de rien, répondrait-il sans son cornet d’ébonite). Le savant tête-en-l’air nous emmènera tous faire un tour sur la lune dans sa fusée rouge, quinze ans avant la NASA. 




Dupont&Dupond,

Les indivisibles détectives, emblèmes universels de l’incompétence notoire, rois de la contrepèterie involontaire et du pléonasme : « Majesté, Votre Sire est bien bonne. » (après leur dérapage sur un parquet lustré), ou encore « Absolument exclu : car il y a deux traces, et nous sommes seuls. »


La Castafiore, rossignol milanais à la gorge généreuse, folle d’elle-même (elle rit tant de se voir si belle…), seul personnage féminin d’envergure des albums. La robuste diva fait autant vibrer la Scala (jusqu’à quinze rappels) qu’elle fait frémir et déguerpir Tintin et Haddock par son Bel Canto dévastateur.

Et des rôles succulents même pas secondaires


Séraphin Lampion par exemple : assureur prosélyte, parangon du casse-pieds. C’est le Bruxellois typique selon Hergé puisqu’il porte à la fois ceinture et bretelles.

Et puis au détour des salles et des cases présentées à l’expo, il y a Tchang le double asiatique de Tintin. Abdallah l’insupportable enfant gâté enchaînant farces pétardières et attrapes arroseuses. Nestor le fidèle major d’homme, patient jusqu’à supporter la dixième bourde téléphonique prenant le 431 du château de Moulinsart pour le 421 de la boucherie Sanzot.
Enfin, il y a tous les plus ou moins méchants : Rastapopoulos et Alcazar, le Docteur Müller et J.M. Dawson… tant d’autres.

Sans oublier Papa Hergé

Tout au long de l’expo, Papa Hergé nous est montré de près, et cela sans trop occulter ses collaborations ambiguës dans les années 40 avec certains journaux belges inféodés à l’occupant allemand. Nous est présenté l’amateur d’art, l’affichiste, le romancier de l’image, l’ « horloger bénédictin » comme il se qualifie, crayons et pinceaux en main pendant des heures et des heures jusqu’à la perfection de la ligne et de la mise en scène. Ses crayonnés atteste ce souci, jusqu’au dessin final, si caractéristique : traits d'une égale épaisseur, absence de hachures et recours aux aplats de couleur.
Un crayonné : l'entrée en scène de l'Alfa Romeo


Trop de qualités ?


Des personnages attachants, l’humour toujours présent, des scénarios palpitants, le goût de la Justice, l’engouement du voyage, la mise en valeur du courage et de l’honnêteté, un dessin lisible qui nous emporte ailleurs… la liste de ce qui plait dans ces aventures est longue ! En compagnie de ce héros qui nous fascine : Tintin le surenfant (selon Jean-Marie Apostolidés) déterminé, dynamique, autonome, intelligent, généreux, fraternel… Arrêtons là, cela risquerait de le desservir. 



« Les Aventures de Tintin se sont terminées avec la mort d'Hergé en 1983. La vingt-quatrième aventure, Tintin et l'Alph-Art, est restée inachevée. Dans cet album, Tintin évolue dans le monde de l'art moderne, et l'histoire se termine sur une scène où il risque la mort, enfermé dans du plexiglas, exposé comme une œuvre d'art. »


Pour qui veut tout savoir sur Tintin, le site à ne pas rater.  
Sans oublier Wiki 

Sur mobile ou tablette Android il est désormais possible de lire les albums grâce à de superbes et lumineux scans. L’excellente appli est téléchargeable sur Google Store.
Et enfin, la page du Grand Palais.