Comment l’art parvient à construire un récit national : voilà ce que montre l’expo Mexique 1900-1950 au Grand Palais.
Quelle conscience nationale apaisée pouvait-on écrire sur une histoire aussi dramatique que celle du Mexique ? Quels mythes mettre en avant sur un fond ethnique et social si éclaté ? L’Histoire a la mémoire longue et le for intérieur du pays n’a jamais oublié les civilisations indiennes conquises par l’Espagne en 1521. Olmèques, Toltèques, Zapotèques, Mayas, Aztèques vivent encore. On les revoit dans les vieilles pierres de Palenque ou de Teotihuacan, dans les figures de jade et d’obsidienne, sur les motifs des textiles et des fresques murales. Et le métissage n’a pas dissout la présence indienne, encore bien visible, aussi bien dans les villages reculés en montagne que sur les modernes avenues du Mexique d’aujourd’hui.
Alors comment forger un mythe national sur un fond si disloqué ?
Comment, au début du XXème, intégrer 300 ans de colonisation espagnole, une guerre d'indépendance, puis un demi-siècle d'instabilités politique et sociale, plusieurs guerres opposant le pays en gestation aux États-Unis, à la France, à lui-même ? Comment assembler ces terribles éclats pour reconstruire un sens commun ?
Parcourant les salles du Grand-Palais, sous nos yeux la réponse est exposée : d’une toile à l’autre, d’un film à une sculpture, se réécrit le grand roman fondateur de la Nation mexicaine.
Diego Rivera – La Molendera
Scène traditionnelle d’une femme en train d’étendre des tortillas sur une pierre volcanique, le metate.
Le maïs est l’aliment de base et constitue