Brésil : ville côtière de Recife
Aquarius, c’est le nom d’un élégant immeuble années 40, juste en regard de l’immense plage. Un immeuble en sursis. Au premier étage, un bel appartement ouvert sur le large. Un hamac douillet se balance dans l’air de la terrasse. Aux murs, se pressent des livres et des disques vinyles, par milliers. Sur les étagères, des albums photo, quelques bouteilles de bon vin, des bibelots.
Clara
Bien installée dans le hamac, il y a Clara. Clara vit bien sa solitude ici. Les années ne semblent pas lui peser. Sa vie a été si dense, avec la musique pour compagne, entre pop et bossa, qui au passage irradient notre film. Et Clara est si belle. On n’ose à
peine dire : encore si belle. Son logement contient toute la richesse de sa vie, les rayonnages partout sont gorgés de tant de souvenirs.Les requins
On comprend vite que l’appartement est ici une solide métaphore de son existence. Que le projet de démolition de l’immeuble, c’est la semonce du temps qui avance. Certes un peu défraîchi, Aquarius a surtout le tort de ne pas compter 50 étages, de ne pas être assez rentable pour les promoteurs. Mais voilà, Clara a une force de vie peu commune.
Il y a longtemps, elle a vaincu le cancer. Et elle n’a peur d’aucun requin : ni de leurs mâchoires lorsqu’elle avance seule dans les vagues, pas davantage de leurs intimidations et semonces lorsqu’ils sont financiers… et le Brésil bourgeois des années libérales compte nombre de voraces spécimens. Clara leur résiste, refusant farouchement une expulsion qui serait pour elle arrêt de mort.Une beauté, solaire, magnétique
Oui, tout au long du film, avec Sonia Braga pour superbe interprète,
Clara est éblouissante. Elle se bat avec tant d’assurance, de probité, d’intelligence contre les vulgarités nouvelles, contre le temps prédateur qui avance en détruisant tout comme le ferait un cancer ou une colonie de termites.
C’est cela sans doute qui donne à Clara toute sa beauté, solaire, magnétique. Et ce qui fait tant aimer le film.