Une exceptionnelle clarté
Singulière clarté de Lisbonne qui trouble des poètes, qui surprend et questionne les visiteurs.
Bonheur des photographes exposés à shooter des « high key » éblouissants.
Lumière singulière, jusqu’à justifier, dans le quartier de la Baixa, une exposition se fixant pour ambition d’expliquer le prodige.
S’agirait-il d’un phénomène naïvement scientifique : le contrecoup d’une sévère loi électro-magnétique assise sur le parallèle de la ville ? Comme un bête faisceau lumineux servi par de bas arguments météos d’ensoleillement maximal ?
Non, la science seule ne peut expliquer l’énigme.
Lumière ?… Luz ?… Elucidons…
Certes un chatoiement spécial renvoyé par la mer de paille.
Aussi, un éblouissement des yeux lorsqu’on sort des longues arcades.
Bien sûr l’effet des légers vents atlantiques, ou de la Nortada poursuivant vaillamment les nuages.
Et puis un accord tacite : celui des pierres écrues, des azulejos bleus et jaunes, du fouillis des maisons blanchies accrochées aux sept collines… une secrète connivence pour mimer le reflet d’un immense coquillage d’argent.
De toutes parts, d’Alfama à Mouraria, de Santa Catarina à Cais do Sodré, de Graça à Estrela, partout en vérité jeux d’ombre et ciel spacieux, déferlements de brillance.
La fierté d’un passé prodigieux
Oui, tout cela dans la luz de Lisboa.
Sans doute, mais surtout une fierté que rien ne tarit : ni crise monétaire, ni violent séisme, ni vieux déclin : la lumineuse dignité que décerne la mémoire des lointains voyages de Vasco et Magellan, qu’offre le souvenir vivace de capitale du monde…