Au début du film, tout baigne
Le beau début du film se passe dans une piscine municipale, celle de Montreuil, 93. Tant que l’action n’en sort pas, tout baigne. Plongés au milieu des clapotements et de leurs échos, entre les scintillements de l’eau, des regards épris et des faïences, avec la moiteur lascive et les simples appareils, dans ce cadre original et hors du temps, les unités de lieu et d’action sont préservées, remarquables. L’histoire d’amour de Samir et Agathe est simple et séduisante, le futur couple un peu
transparent mais si poétique. Avec une photo superbement détrempée, des personnages secondaires à mourir de sourire (ah les employés en mode Always Lenin), on savoure au sec dans son fauteuil la force tranquille de ce cinéma qui sait humecter ainsi nos yeux et nos cœurs. L’effet aquatique est réussi.
Dommage, il ne fallait pas quitter Montreuil
Et puis plouf et patatra, le film se casse : départ vers l’Islande, dans un improbable congrès de maîtres-nageurs. Avec d’ennuyeux discours, des personnages superfétatoires et artificiels, des scènes décousues et répétitives, des complaisances narratives, une forme parfois documentaire sur les paysages d’Islande (un peu Connaissance du monde). Et le côté ahuri du jeu de Samir qui en se répétant finit par lasser. On sent une écriture laborieuse, cherchant en vain de bonnes idées. Cette fin ratée où Samir, au moment de rouler une pelle mouillée à une nymphe de passage, va plonger dans la conclusion escomptée… Peut-être la maladie de la réalisatrice, sa triste et précoce disparition ont-t-elles affecté la deuxième partie du film.
Mais je ne critique pas davantage, vous renonceriez à aller voir les belles premières séquences !