Onglets

samedi 30 juillet 2016

Lumière de Lisbonne… Luz de Lisboa…

Une exceptionnelle clarté

Singulière clarté de Lisbonne qui trouble des poètes, qui surprend et questionne les visiteurs. 
Bonheur des photographes exposés à shooter des « high key » éblouissants.
Lumière singulière, jusqu’à justifier, dans le quartier de la Baixa, une exposition se fixant pour ambition d’expliquer le prodige.
S’agirait-il d’un phénomène naïvement scientifique : le contrecoup d’une sévère loi électro-magnétique assise sur le parallèle de la ville ? Comme un bête faisceau lumineux servi par de bas arguments météos d’ensoleillement maximal ?
Non, la science seule ne peut expliquer l’énigme.

 

Lumière ?… Luz ?… Elucidons…


Certes un chatoiement spécial renvoyé par la mer de paille.
Aussi, un éblouissement des yeux lorsqu’on sort des longues arcades.
Bien sûr l’effet des légers vents atlantiques, ou de la Nortada poursuivant vaillamment les nuages.
Et puis un accord tacite : celui des pierres écrues, des azulejos bleus et jaunes, du fouillis des maisons blanchies accrochées aux sept collines… une secrète connivence pour mimer le reflet d’un immense coquillage d’argent.
De toutes parts, d’Alfama à Mouraria, de Santa Catarina à Cais do Sodré, de Graça à Estrela, partout en vérité jeux d’ombre et ciel spacieux, déferlements de brillance.

La fierté d’un passé prodigieux

 
 Oui, tout cela dans la luz de Lisboa.

Sans doute, mais surtout une fierté que rien ne tarit : ni crise monétaire, ni violent séisme, ni vieux déclin : la lumineuse dignité que décerne la mémoire des lointains voyages de Vasco et Magellan, qu’offre le souvenir vivace de capitale du monde…

mercredi 27 juillet 2016

Eau, Feu, Terre, Air… C’est tout ça la plage

Nous les humains, parfois ingénus

Nous les humains sommes parfois ingénus : nous croyons qu’en allant à la plage, nous aspirons juste à bronzer un peu, à flotter léger, à décompresser enfin. Ce serait un loisir sans prétention, agréable et sain, mais –sans se l’avouer– un peu bébête. Le festival de Tabarka en Tunisie avait d’ailleurs publié un slogan devenu célèbre : « comment ne pas bronzer idiot ». Il affirmait en creux que la simple plage, c’est pour les simples d’esprit.

Sans conscience

Pourtant, à la plage, par millions, ils s’y dirigent les hommes. Sacrifiant souvent leurs finances,

lundi 25 juillet 2016

à Alger : le mortier et l’oubli... Le monument "Le Pavois"

Alger, square Laferrière

M s’assoit à l’ombre d’un mûrier. Sur les bancs de pierre blanchie, les fiancés officiels se tiennent du regard, en pleine lumière. Au détour d’une allée, ou derrière un agave, d’autres se font plus discrets, risquent parfois un geste étourdi. Tous attendent depuis longtemps un lieu pour de libres échanges.
Tourne la grande horloge florale. Cinquante ans à tourner depuis l’indépendance.

Zbouba

Juste devant M, la mer est si bleue maintenant. Et le port si proche que les

vendredi 22 juillet 2016

Wifi, 4G, ADSL… surtout ne jamais manquer de connexion réseau

Quand j’étais enfant, si une quelconque tension politique ou sociale menaçait, mes grands-parents faisaient illico ce qu’ils appelaient des provisions : 3 litres d’huile, dix boites de lait concentré Nestlé, deux de sucre, trois kilos de farine et une grosse boite d’allumettes. 
En mai 2016, alors qu’une grève générale se préparait, plus question de cela. En revanche s’étiraient des queues immenses devant les stations-services : de nos jours, l’automobile ne doit jamais souffrir de soif. 
Dans quelques années, tout conflit naissant provoquera une ruée populaire vers une provision plus technologique. Chacun voudra faire le plein de réseau : du 4G ou 5G en boite, de l’ADSL en flacon, de la Wifi en bombe… Surtout ne pas trépasser en manquant de connexion une seule nanoseconde.

jeudi 21 juillet 2016

Le face-swap

Tu es moi, je suis toi.

C’est le principe des applis de Face-Swap : avec son smart-phone, on prend un portrait de deux personnes placées côte à côte. L’appli mixe, échange, triture les traits et affiche deux visages inédits. L’image ainsi swapée ébahit, au point qu’un rire inextinguible assaille. Imaginons l’expérience avec une fille et un garçon. Celle-ci se retrouve avec

lundi 18 juillet 2016

Les coups du Soleil d'Algérie

M a dix ans en 1960. Malgré les dangers de la guerre, des amis de ses parents l’emmènent passer des journées entières à la plage, près d’Alger.


Cette année, l’été algérien l’illumine de bleu. Près de Cherchell, allongé sur l’immense plage, il devient minéral à force de sable : un agrégat d’os. Corps avec son pays premier. S’y lover comme un serpent, peau offerte au sirocco qui souffle... Les milliards de petits grains le bordent. C’est toute l’Afrique saharienne qui pousse. M ne s’ennuie jamais étendu sur la plage. Ses doigts malaxent l’enchevêtrement complexe. Déranger ce désert, provoquer l’aléa, comme les séismes et la guerre brisent la naïveté d’un monde. Ici son pays est une mer de

samedi 16 juillet 2016

L’huile sur le feu… Comment nos réactions décuplent les effets des attentats terroristes…

L’attentat de Nice … 

Tant de victimes : des dizaines de morts, des blessés, des traumatisés par centaines, par milliers. Tout un pays gravement atteint.
Islamiste pro-Daech ou pas, le terroriste tueur est un fou.
Une question cruciale se pose alors : comment un individu – totalement isolé ou politiquement soutenu, peu importe ­– peut-il provoquer une telle déflagration dans tout un pays, jusqu’à même remuer le globe ? Comment parvient-il, alors qu’il est seul, à nous atteindre tous ? Le paradoxe est flagrant : une personne unique, et en face des millions.

Comment démêler la contradiction ?

Est-ce que ­– involontairement bien sûr – certaines de nos réactions, individuelles ou

jeudi 14 juillet 2016

Quelques idées pour jouer le snob (suite et fin)

Chapitre 3

  • Délaisser les escaliers et prendre les escalators, bien sûr. Mais tourné vers la descente, regard fixé à l’horizon vers les braves gens du peuple. S’inquiéter du principe de démocratie.
  • Soigner son rhume avec force suppos Eucalyptol (sans colorant), pris par voie orale.
  • Conduire son vélo Fixie (à pneus orange) de la main droite, la gauche collée à son smartphone chinois Uhans
  • Au boulot, faire durer une petite heure la pause cigarette. Juste y boire son maté

mardi 12 juillet 2016

Quelques idées pour jouer le snob... suite

Chapitre 2

  • Au resto en couple (bah…), ne jamais s’asseoir en face de son(sa) chéri(e), mais à côté.
  • Lors d’une invitation de confrères snobs pour un dîner fin, saupoudrer le barracuda- lait de coco- cacahuètes grillées d'une épice «Retour des Incas»
  • Zieuter les vitrines pour ne pas voir son cher chien Shih Tzu qui se détend sur le trottoir
  • Dénigrer les macarons surgelés de chez

dimanche 10 juillet 2016

Quelques idées pour jouer le SNOB en plein 2016

Chapitre 1

  • Apprendre par cœur l’agenda de toutes les expos européennes de l’année. Dire plutôt des accrochages
  • Citer sans achopper le nom du commissaire japonais de la dernière installation au Mac/Val de Vitry
  • Acheter chez Naturalia son papier hygiénique. Mais estimer que, par ailleurs, le bio, c’est une grosse arnaque. D’ailleurs les parabènes, c’est pas si mauvais.
  • Acheter à crédit ses panais au

samedi 9 juillet 2016

Truman

Allons-nous tous pleurer dans nos fauteuils ?

En général, histoire de ne pas titiller mes angoisses personnelles, j’évite soigneusement les films mettant en scène les individus malades et leur fatal destin. Là, imprudent, je ne m’étais pas informé sur le scénario de « Truman ». Dès les premières images, la petite toux de Julian (Ricardo Darin) et le voyage Canada- Madrid de son ami Tomas (Javier Càmara) pour une exceptionnelle visite m’ont vite fait comprendre que je n’allais pas sortir serin. Et que peut bien nous dire un tel film ? Que le cancer est terrible et que nous sommes tous mortels ? Thème périlleux ! Est-ce que nous allions tous pleurer longtemps dans nos fauteuils ? À la fois sur la

vendredi 8 juillet 2016

ALGARVE Terre orange cannelle tombée dans l'océan...

ALGARVE



Les ficus, les cactus, et les bougainvilliers

Palmiers, lauriers, cycas, hibiscus, bananiers

Feuillus aux verts multiples, aux senteurs de santal,

Jaillissent, grimpent et s'élèvent, hystérie végétale



Les maisons posées blanches sur les terres grillées

Les terrasses, colonnades, balustres, cheminées

Pure géométrie, azulejos bleutés

Cloîtrent les existences aux regards dérobées



L’Atlantique au lointain de tous les paysages

jeudi 7 juillet 2016

Seydou KEÏTA : la lumière dans les peaux

La peau des blacks

Les blacks ont-ils la peau noire ? Bien sûr que non. Et on ne peut plus en douter au vu des portraits de Seydou Keïta. Le noir profond présent dans la plupart des bonnes images en noir et blanc, celles de Salgado par exemple, ne s’étale pas ici sur les visages des Africains. Leur peau est étonnamment claire, éclairée. Un coup de Photoshop n’est guère envisageable dans les années 50. Et si les visages respirent la lumière, ce n'est pas l’effet de sourires de commande, photogra-gibbs, souvent aussi béats que factices, forcés. Ici, ils sont absents. Pourquoi donc l’Afrique coloniale de ces années-là sourirait-elle ? Rire oui, elle l’aurait pu, l’Afrique rigole souvent car il faut bien ne pas pleurer sur une vie de poseur de rails, sur un

mercredi 6 juillet 2016

Les trois paroxysmes émotifs

Envie de pipi

Quels sont les paroxysmes émotifs ? Et quelle définition en donner ? Réponse de mandarins urologues ce matin sur une radio : les paroxysmes émotifs sont les émois qui peuvent provoquer une irrépressible envie de pisser. Il y en aurait selon eux trois : la frayeur, le fou rire, l’orgasme. Trois et pas davantage, s'exprimant respectivement par Brrrrr, Hihihi, Ouiiiii... Mais pourquoi se limiter à ces trois et ne pas citer par exemple la dégustation d’une bonne pinte de bière sur une terrasse ensoleillée ? Ou un bain délicieux dans des eaux nord-atlantiques ?...

La vessie ou le cœur ?

Et a contrario un paroxysme évident comme l'extase poétique à la lecture d'un poème de Rimbaud, ne serait pas selon ces médecins un paroxysme émotif sous prétexte qu’on n’en courre pas illico faire pipi !... Peut-être faudrait-il redéfinir les émotions extrêmes par autre chose qu’une réaction pipiesque et vésicale. Remontons plus haut, jusqu’au cœur…

mardi 5 juillet 2016

Le Soleil dans la tête

Octobre à Paris


Octobre 1962. M a juste dix-sept ans. Sa famille vient de quitter pour toujours l’Algérie. Il réalise que le Sud dans lequel il a grandi, ce n’est pas juste une question de climat. C’est tellement plus que cela…


Octobre à Paris. Cours d’histoire au lycée Villon. M lève les yeux vers le vasistas, il regarde la bruine tomber… Combien de temps le soleil flamboyant d’Algérie va-t-il encore éclairer sa tête ? Comment pourra-t-il s’attacher à son nouveau pays, cette France qui a dû couper les ponts ?…


Carthage, Bagdad, Rhodes, Tipasa... Tout dire à Jean-Jacques


Heureusement, il y a Jean-Jacques, son copain tout neuf au lycée, le grand blond au chandail marron dont le père est chauffeur. Livreur comme l’oncle Henri qui s’accroche encore à l’autre rive de la mer. Jean-Jacques, c'est le plus gentil. Il tente de rassurer M : l’été peut être chaud à Paris aussi, il y a de belles journées d’hiver... Avec un peu trop de force dans la voix, M lui rétorque que le soleil, ce n’est pas juste une question de climat, de météo. Quand il dit le Soleil, ce n’est pas

dimanche 3 juillet 2016

Mieux avant ?

"C’était quand même mieux avant…"

Ça a été l’incise de Pascal Bruckner dans un récent entretien à propos de son dernier livre : La sagesse de l'argent. Grasset. De quelle époque parlait-il ? De ses jeunes années entre 1950 et 1980 sans doute. Bruckner semble avoir fait l’impasse sur bien des choses. Juste les ouvriers travaillant alors 42 h à la chaîne sans protection du bruit ou des pollutions. Juste la guerre d’Indochine, celle d’Algérie et ses 6 à 700 000 morts, avec des bombes

samedi 2 juillet 2016

L’effet aquatique

Heureux sont parfois les possesseurs de cartes ciné : ils peuvent sans regret financier assister à une première partie d’un film, puis se lever et s’échapper vers d’autres cieux.


Au début du film, tout baigne 


Le beau début du film se passe dans une piscine municipale, celle de Montreuil, 93. Tant que l’action n’en sort pas, tout baigne. Plongés au milieu des clapotements et de leurs échos, entre les scintillements de l’eau, des regards épris et des faïences, avec la moiteur lascive et les simples appareils, dans ce cadre original et hors du temps, les unités de lieu et d’action sont préservées, remarquables. L’histoire d’amour de Samir et Agathe est simple et séduisante, le futur couple un peu

vendredi 1 juillet 2016

Le Chat, ce roi

Grandeur de l’Homme… 

qui parvient à tout dominer sur terre. À voler jusqu’au cosmos, à ranger ses encyclopédies dans sa poche, à casser les atomes, à communiquer avec quiconque à un quelconque instant, à fixer les images et les sons, à galoper sur les chevaux, dompter les fauves et traire les vaches. À publier ses bla bla blogs pour toute la planète…

Rien ne résiste à l'Homme, ou presque

Une chose lui échappe :  faire obéir  un  chat ! C’est pour cette raison sans doute qu’il adopte de beaux spécimens du fier animal : pouvoir constater à chaque instant l’étendue de son impuissance.