Onglets

vendredi 2 septembre 2016

Tony Erdman - le film à voir

En Allemagne, de nos jours, une étrange famille…

Le père, d’aspect peu reluisant, sorte d’ours mal léché et rentre-dedans. La mère abattue et le chien à piquer (ou l’inverse). La fille, executive woman d’une multinationale, sans cesse en partance.

Le père un tantinet provocateur adore jouer avec son dentier postiche et avec les gens. La fille vit claustrée au moins à triple tour : dans l’obsession de ses négociations financières, dans la froideur psychorigide de sa solitude, dans une planète coupée des vrais gens...

D’ailleurs, vit-elle ?

C’est toute la question que veut lui poser son ours paternel. Pour cela, il va la poursuivre et
la harceler de sa présence incongrue, l’encombrer jusque dans les étages dirigeants des entreprises, jusque dans les soirées et les cocktails, partout où il peut lui dire l’importance vitale des râpes à fromage, des coussins péteurs et des blagues à deux balles. À sa manière des plus farfelues, il démontre à sa fille la vacuité primaire de son univers entrepreneurial, de ce moderne travail, avec force champagne, cocaïne et limousines camouflant mal misère sexuelle et coups fourrés.

M’achever, ou quoi ?

Au début, elle évite son envahissant sdf de père, lui demandant s’il « veut l’achever, ou quoi ? ». Puis, peu à peu, l’insolite et absurde humour paternel va atteindre Inès (oui, elle a un prénom), lui faire comprendre que c’est sa facétieuse manière de la toucher, de se l’attacher, quitte à prendre de vraies menottes. Oui, Inès a une fragilité, et elle détient quelques larmes tout au fond d’elle-même !
Magnifique scène, où se tortillant et luttant contre une robe hyper ajustée et des talons aiguilles, elle finit par se rebeller, par se mettre à nu, rejetant résolument ces armures et sa servitude.

« Comment retenir les instants ? »

«On fait ceci, on fait cela, et pendant ce temps la vie passe », ce sont les questions posées par le père. Il finit aussi « à poils » dans son titanesque déguisement d’orang-outan bulgare, tirant une outrageuse langue au capitalisme décomplexé et à l’isolement mortifère qu’il engendre.
Les critiques 4* sur allociné