Ainsi, la barbe revient. À poils plus ou moins rabattus, elle envahit les mentons et les joues, elle se propage dans les rues de nos villes. Arborer 500 poils au centimètre carré n’est pas anodin, de quoi s’agit-il ?
Mettons-nous pour quelques lignes dans la peau d’un individu quelconque que nous nommerons M, un homme générique. M est plutôt jeune, non barbu encore. Le matin au lever que voit-il dans son miroir ? Quelques poils d’à peine deux millimètres, dérisoires, minables. L’alternative pour M est alors la suivante : soit vaincre sa petite flemme et se raser de près avec force blaireau, lame Gillette et coupures, soit aggraver son bilan carbone en appliquant son vrombissant Philips à têtes pivotantes, soit enfin laisser gentiment agir Dame Nature et sa testostérone. C’est ce que
choisit M, histoire de renouer enfin avec son héritage génétique mâle.
M en a marre de viser une taille de guêpe, de se verser des litres de cire chaude sur le poitrail, de se parfumer fleuri, de se tartiner la face de crèmes prodigieuses, de se serrer les parties essentielles dans des jeans slim, de s’accrocher des anneaux à l’oreille, de jouer les émus transis pour séduire les filles, de se mettre en-dessous, et aujourd’hui… de devoir se raser les apanages dès le matin… Marre en trois mots de toujours céder aux multiples injonctions sociétales d’abandon de son héroïque, impavide et éternel genre masculin.
Que ce soit dit, la barbe poussera !... Il suffira de quelques jours pour qu’apparaissent les attributs de la Sagesse, de la Virilité, de la Force. Le lion, les conquistadores et les légionnaires affichent fièrement leur crinière, le coq exhibe sa crête, le crapaud mâle se gonfle jusqu’à l’éclatement, le cerf fait feu de ses bois, et le taureau de combat ne déballe pas que ses deux cornes. Pareillement, M va illico faire parade de sa barbe fraîche. Au boulot, ça va filer doux, et en plein néo-libéralisme-sauvage, il faut savoir affirmer sa martiale puissance face aux petits DRH de passage. Fini l’affichage des seuls attributs féminins exigé par la fin du genre.
Mettons-nous pour quelques lignes dans la peau d’un individu quelconque que nous nommerons M, un homme générique. M est plutôt jeune, non barbu encore. Le matin au lever que voit-il dans son miroir ? Quelques poils d’à peine deux millimètres, dérisoires, minables. L’alternative pour M est alors la suivante : soit vaincre sa petite flemme et se raser de près avec force blaireau, lame Gillette et coupures, soit aggraver son bilan carbone en appliquant son vrombissant Philips à têtes pivotantes, soit enfin laisser gentiment agir Dame Nature et sa testostérone. C’est ce que
choisit M, histoire de renouer enfin avec son héritage génétique mâle.
M en a marre de viser une taille de guêpe, de se verser des litres de cire chaude sur le poitrail, de se parfumer fleuri, de se tartiner la face de crèmes prodigieuses, de se serrer les parties essentielles dans des jeans slim, de s’accrocher des anneaux à l’oreille, de jouer les émus transis pour séduire les filles, de se mettre en-dessous, et aujourd’hui… de devoir se raser les apanages dès le matin… Marre en trois mots de toujours céder aux multiples injonctions sociétales d’abandon de son héroïque, impavide et éternel genre masculin.
Que ce soit dit, la barbe poussera !... Il suffira de quelques jours pour qu’apparaissent les attributs de la Sagesse, de la Virilité, de la Force. Le lion, les conquistadores et les légionnaires affichent fièrement leur crinière, le coq exhibe sa crête, le crapaud mâle se gonfle jusqu’à l’éclatement, le cerf fait feu de ses bois, et le taureau de combat ne déballe pas que ses deux cornes. Pareillement, M va illico faire parade de sa barbe fraîche. Au boulot, ça va filer doux, et en plein néo-libéralisme-sauvage, il faut savoir affirmer sa martiale puissance face aux petits DRH de passage. Fini l’affichage des seuls attributs féminins exigé par la fin du genre.
Quelques graves questions devront cependant vite avoir une réponse. Celle de la place de la barbe au moment du coucher : au-dessus des draps ou en-dessous ? Et puis s’endormir sera-t-il aisé si M se surprend à écouter la pousse ? Ne risque-t-on pas, en cas de défaillance étatique, de lourdement imposer les barbes comme l’avait osé Pierre Ier de Russie au XVIIIème ? Quant à la question de la longueur à atteindre, elle est vite tranchée : M franchira allègrement le record de France de 3,35 m : calcul facile, 10 ans suffiront. Sa virilité ne se fixe aucune limite pour se mesurer à cette diabolique féminisation rampante.