C’est pas la joie !
Voilà sans doute l’impression dominante après les 2h10 de projection. Pas la joie d’avoir fréquenté des familles où domine une telle déprime, d’avoir voyagé dans une Roumanie à ce point corrompue, d’être resté longtemps prisonnier d’un parcours aussi trouble que monocorde.
La question est : pour pointer les compromissions et les trafics d’influence qui règnent semble-t-il en maîtres dans le pays, faut-il les multiplier à l’écran au point d’étouffer le spectateur ? Faut-il, pour montrer l’abattement d’un pays, choisir un tel ton morose et des plans-séquences si épais ?... C’est l’excès de larmes qui peut affecter un propos tragique jusqu’à en faire un mélo trop appuyé. Et le style de Cristian Mungiu qui signe ce «Baccalauréat » ne donne pas dans la sobriété mélancolique.
Un synopsis intéressant
Dommage, car la trame est intéressante. Comment, de modestes arrangements en méchantes malversations, la relation éducative d’un père à sa fille bien-aimée peut tourner mal. Jusqu’à tomber dans l’immoralité globalisée justement parce qu’il tient au meilleur pour elle. Cela nous est dépeint par accumulation de petites touches subtiles, mais aussi par empilement de plus gros traits.
À quoi peut mener l’individualisme dans une société malheureuse, défaite par les malversations ? Jusqu’où pousser les compromissions pour favoriser sa famille ? Le film nous montre comment une Roumanie actuelle peut réagir à ces interrogations. C’est pas la joie…