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vendredi 17 mars 2017

La belle Inês de Castro et le prince Pedro du Portugal, deux amants mythiques

Portugal , en l’an 1340…

Pedro et Inês
La cour du roi n’a d’yeux que pour Inês, dame de compagnie castillane. Elle est surnommée «Colo de Garça» en hommage à son cou de cygne. Le prince Pedro, bien que déjà fiancé, quoique réprouvé par son père le roi Alphonse IV, ne lui résiste pas. Et c’est heureux, non pas pour leur avenir fait des pires épreuves, mais pour la littérature. Comme il coulait du sang et des larmes de leur idylle, la poésie avec Camões, l’art lyrique dans de nombreux opéras, le cinéma… s’en sont emparés. Sans oublier le théâtre puisque « La Reine Morte » de Montherlant, c’est Inês.

L’amour sacrifié


Karl Briullov
La Mort d'Inês de Castro
Donc, Alphonse IV (Alfonso en version originale) n’est pas très content de la fougue passionnée et prolifique de son Pedro de fils (déjà trois enfants adultérins). Non pas pour des raisons accessoires de noblesse morale, mais parce que cela
contrarie ses projets dynastiques avec la Castille. Comme une séparation forcée ne suffit pas ( les lettres d’amour et les rencontres fortuites n’en sont que plus enflammées ), le Roi choisit une solution radicale : faire assassiner Inês. 

Et hop, en deux temps et trois coups d’épée, ses sbires lui tranchent la tête. Le cou de cygne n’y résiste pas. L’amour est sacrifié à la politique. Fou de douleur, Don Pedro prend alors les armes contre son père, déclenchant une courte guerre civile.

Vengeance !

Devenu roi de Portugal, Pedro Ier peut fourbir sa vengeance : aux assassins il fait arracher le cœur , et il exhume le squelette de sa chérie pour la couronner reine consort : Inês, tête rescellée, est vêtue d’un manteau pourpre bordé d’hermine et amarrée au trône. Sous la royale menace, la cour doit alors défiler pour baiser la main certes royale, mais un peu décharnée.

Inês et Pedro réunis à Alcobaça


Six siècles ont passé. Au Monastère d’Alcobaça, la belle Inês repose désormais dans un beau sarcophage disposé face à celui de son amant.
Le monastère d'Alcobaça
et les deux sarcophages
Ainsi, le jour du jugement dernier, Inês et Pedro se réveilleront en vis-à-vis, les yeux dans les yeux. 


On dit qu’à Coimbra, là où les amants se rencontraient, une fontaine nommée fontaine des larmes (das lagrimas en VO) charrie parfois des eaux rougeâtres. Sûr, c’est qu’elle se souvient des larmes et du sang versés par Inês. 

Inês qui inspira Camões dans les Lusíadas (Canto III) :
A mísera e mesquinha Que despois de ser morta foi Rainha 
( La malheureuse et émouvante Qui après sa mort fut Reine )