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samedi 1 septembre 2018

The Guilty, le fim

Le septième art a plus d'un tour dans son sac

 

La bande-annonce VO
Sur l'écran de "The Guilty", un seul acteur visible, dans une seule pièce, parlant une heure et demi au téléphone, et nous voilà pourtant scotchés à notre fauteuil, pris dans le suspense, palpitant d'anxiété, saisis par la performance cinématographique. 

Certes, on savait que l'observance des trois unités – lieu, temps et action – est une des bases de l'art dramatique. Mais au cinéma, qui est allé aussi loin dans un respect aussi strict ? C'était le rêve d'Hitchcock de tourner un thriller sans sortir d'une cabine téléphonique, Möller l'a réalisé.

Quelles sont donc les sources de tant de tension ?

Au fur et à mesure du déroulement du huis clos, la sidération vient et les questions se posent : qui est ce cinéaste danois, Gustav Möller, qui a osé un tel pari ? Pour un premier long métrage ! Comment parvenir à cette force avec si peu de variété d'images ? Quelles sont donc les sources de tant de tension ? Une bande son magistrale ? L'intensité du scénario et ses rebondissements, certains retentissants ? L'opposition flagrante entre une composition dramatique complexe et ce minimalisme des images ? La mise en place
progressive d'un héros positif agissant en cavalier seul et devenant peu à peu sujet de l'action et centre d'intérêt ? La qualité des dialogues où chaque mot projette son impact ? Le talent de l'unique acteur à l'écran, si expressif, Jakob Cedergren ? L'intimité de la caméra, scrutant chaque détail de son visage, ses sueurs froides ? Tous les malaises exprimés par la voix de l'héroïne, cette femme perdue appelant au secours, celle que l'on pense victime d'un enlèvement ? La présence sensible au central du 112 d'une société danoise sombre et déprimée ? L'importance de la nuit dans l'image ? Tout cela certes fait le film.

Le rôle de l'imagination 

Obliger le spectateur à visualiser, à imaginer constitue un ressort essentiel de la dramaturgie. C'est la fatalité de la littérature. The Guilty le démontre au cinéma. Bravo !