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mardi 15 octobre 2019

Selfies de l'âme ? L'expo de la Biennale d'Issy-les-Moulineaux

Qui pose la question du portrait pose celle du visage


Picasso s'était interrogé sur ce qu'il fallait peindre (ou photographier): "Ce qu'il y a sur un visage, ou ce qui se cache derrière lui ?" 

Le portrait en peinture comme en photographie est redoutable, car il peut déconstruire un visage. 
Pour tirer le portrait à autrui, le respect est de mise : pas question de blesser le modèle (ce que pourtant ma série "Dé-visager" avait osé faire). 
Mais s'agissant de selfies, tout est permis sur son propre visage : on peut profiter de sa fragilité, enfreindre son intégrité. On peut abuser de sa nudité offerte, risquer des déconstructions pour en rechercher l'intimité.
Dans le cadre de la biennale d'Issy 2019, l'exposition Selfies de l'âme tente d'illustrer ces interrogations en présentant une série d'autoportraits (ou de portraits) contemporains. 61 artistes ont investi les salles du Musée Français de la Carte à Jouer et quelques autres lieux de la ville. 

Une série de David Lynch déjà proposée en 2014 à la MEP


Le cinéaste américain David Lynch  ( Elephant Man (1980), Blue Velvet (1986), Mulholland Drive (2001)… ) est aussi artiste plasticien, designer et musicien. Des photographies de sa série Small Stories évoquent l’univers de ses premiers films, voyage surréaliste dans le monde des émotions et de l'intranquillité.


Levalet signe une représentation d'humains désincarnés 


Pas de visage, aucune peau visible, seulement le vêtement et l'attitude pour imaginer les âmes.

L'artiste s’exprime sur les murs de Paris la nuit en les couvrant de ses personnages/silhouettes en noirs et blancs dessinés à l’encre de Chine. Cela n'est pas sans rappeler le travail d'Ernest-Pignon-Ernest.

Les tourbillons chromatiques d'Anna Bloom, sans retouche numérique


Plus que l'autoportrait, à travers Souffles, Breath Project, Anna Bloom traite des photographies de sujets immergés dans l'eau, en écho aux migrants disparaissant en mer.


Neuf clichés d'Odile Mennesson,  visage caché derrière ses cheveux


Odile Mennesson dit redéployer son corps. Pour affirmer sa visible fragilité, elle expose ses
mains crispées et ses cheveux tendus, elle y cache son visage.
 


Sur son site, d'autres compositions photographiques, telle cette série particulièrement expressive "Dans la taie de traversin"

Orlan : self-hybridation Opéra de Pékin


La plasticienne-photographe déjà exposée à la MEP en 2014 dans ORLAN EN CAPITALES, également au Grand Palais en 2018 dans Artistes et Robots.

Ici (Issy…), ORLAN (toujours en majuscules) s'invite dans le monde masculin de l'Opéra de Pékin en jouant avec son avatar 3D.

Anouk Grinberg, la comédienne joue, brode, écrit, dessine


Anouk Grinberg : " Il y a des gueules froissées, cachées, fichues, des bouches cousues, qu'on s'est cousues…"
Ni une, ni deux

Photos et collages de Karin Crona, histoire de provoquer la confusion


Karin Crona brise-colle son visage : "Il s'agit de la rencontre entre une série d'autoportraits nue, et un lot de magazines féminins trouvé dans une brocante. Publiées entre 1967-69, ces pages montraient le type de société dans laquelle je suis née et dans laquelle j'ai grandi…"

La série "Aveuglement " de la photographe espagnole Pilar du Breuil


Pilar du Breuil  colmate les regards. Elle détourne le portrait en escamotant les visages. Elle questionne : "L'aveuglement est-il soluble dans la vision ? "

L'humour en 3D, avec les drôles de portraits de Richard di Rosa


Richard di Rosa est un sculpteur français dont l'esthétique rappelle Joan Miro. C'est un des artisans du mouvement de la Figuration Libre, mouvement qui a emprunté à la BD, au rock, au graffiti.



Bien d'autres artistes exposés jusqu'au 10 novembre à Issy-les-Moulineaux.