Un film autobiographique
Le genre n'est pas si fréquent. Il y en eut de célèbres : Pialat avec Nous ne vieillirons pas ensemble, Truffaut dans Les quatre-cents coups, Louis Malle dans Au revoir les enfants, Woody Allen, Fellini dans Amarcord… etc. Mais rarement ont été mis en scène des malheurs personnels, des drames plongés dans un contexte sociétal, comme ça avait été le cas avec Cyril Collard, ou comme le fait Au nom de la terre.
Un film hors du commun
De façon générale, un film ne se résume pas à un collage d'images et de sons, à ce qu'affiche l'écran, à ce que diffusent les haut-parleurs. Il y a toujours bien présent à notre esprit de spectateur, pendant et après la séance, ce que nous savons du contexte, du réalisateur, des acteurs… Il y a la toile, et ce qui est derrière la toile. Pour "Au nom de la terre", cette remarque bien évidente prend une dimension exceptionnelle. Parce que nous savons que le film rapporte des événements réels ayant gravement affecté le réalisateur Édouard Bergeon, et parce que lui, qui est donc derrière la caméra, est aussi là devant nous, sur l'écran. Comme il l'est dans notre conscience de son histoire réelle. Il vibre partout. Et avec quelle force !
La force des sentiments
La force du film vient donc du fait qu'Édouard Bergeon filme sa vie, sa propre vie ! Il filme les souffrances qui ont accompagné son adolescence comme ses moments de bonheur familial.
Peut-on imaginer l'émotion extrême qu'il a dû ressentir au tournage lorsqu'il a reconstitué certaines scènes, dramatiques ou pas, comme l'incendie, la déchéance du père, un Noël heureux, les meurtrissures chimiques de la scène finale. Cette émotion diffuse dans la salle, et on n'ose pas bouger avant la fin du générique, parce qu'on sait que ceci n'est pas