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lundi 29 octobre 2018

La Méditerranée à Madrid…

El Clot dels Frares , Joaquim Sunyer
À Madrid, la fondation MAPFRE expose El Mediterráneo


Des dizaines de toiles de grands maîtres pour nous transporter au bord de notre Mare Nostrum, sur les rivages de cette mer qui a engendré toutes les lumières de notre civilisation.
La découvrant toile après toile, nous ressentons la Méditerranée comme liquide amniotique, source de ferveur, nature nourricière… Tant de multiples richesses… Elle et son Soleil, inséparable partenaire, une flamme.
Paysagesméditerranéens, Othon Friesz

"Méditerranée. Le rien se mêle au rien, aux vauriens, la mer est si bleue qu'elle en paraît noire sous le soleil qui tape, avec des fonds où la lumière, d'une sourde transparence, gris-bleu ou gris-vert, ou presque rose, ne cesse de changer comme la gorge du pigeon."
Les Dieux habitent toujours à l'adresse indiquée, Patrick Reumaux

Paysages méditerranées , André Derain

Telle un lit d'amour…

Couple à la plage, Josep de Togores

Baño en la playa, Joaquin Sorolla
"La Méditerranée a une couleur comme les maquereaux, c'est-à-dire changeante, on ne sait pas

toujours si c'est vert ou violet, on ne sait pas toujours si c'est bleu, car la seconde après le reflet changeant a pris une teinte de rose ou grise." Lettre à son frère Van Gogh.

Cap d'Antibes, Claude Monet

Les deux chevaux, Giorgio de Chirico
"Qu'est-ce que la Méditerranée ? Mille choses à la fois, non pas un paysage, mais d’innombrables paysages, non pas une mer, mais une succession de mers, non pas une civilisation, mais des civilisations entassées les unes sur les autres. Voyager en Méditerranée, c’est trouver le monde romain au Liban, la préhistoire en Sardaigne, les villes grecques en Sicile, la présence arabe en Espagne, l’Islam turc en Yougoslavie. C'est plonger au plus profond des siècles, jusqu'aux constructions mégalithiques de Malte ou jusqu'aux pyramides d'Égypte." 
La Méditerranée, Fernand Braudel


L'Estartit, Josep de Togores




"Je contemplais, et je l'avoue, cette Méditerranée d'azur, avec ses paillettes d'or, ces montagnes gigantesques belles de leur terrible nudité, ce ciel profond et morne à force d'être limpide. "
Le Bagnard de l'Opéra, Alexandre Dumas







"Pour des centaines d'écrivains, la Provence est plus grecque que la Grèce, à moins que la Grèce par excellence ne soit à retrouver sur telle ou telle côte de Sicile.
Montagne Sainte-Victoire, Paul Cézanne
Les îles d'Hyères ne seraient pas déplacées au milieu des Cyclades, sauf qu'elles sont plus verdoyantes." La Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II, Fernand Braudel
La rade de Villefranche, Henri Manguin




"Il existe pour chaque homme des lieux prédestinés au bonheur, des paysages où il peut s’épanouir et connaître, au-delà du simple plaisir de vivre, une joie qui ressemble à un ravissement.
La méditerranée peut inspirer un tel état d’âme…
Par les lignes et les formes qu’elle impose elle rend la vérité inséparable du bonheur; l’ivresse même de la lumière n’y fait qu’exalter l’esprit de contemplation…"
Inspirations méditerranéennes, Jean Grenier.





Los Pichones, Pablo Picasso


Bajo la sombrilla, Luis Masriera i Roses

Paysage à l'Estaque, Georges Braque

Berceau des utopies...
Los Gitanos, Massimo Campigli
"C'est rencontrer de très vieilles choses, encore vivantes, qui côtoient l'ultra-moderne: à côté de Venise, faussement immobile, la lourde agglomération industrielle de Mestre; à côté de la barque du pêcheur, qui est encore celle d'Ulysse, le chalutier dévastateur des fonds marins ou les énormes pétrolières."
La Méditerranée, Fernand Braudel

"Il me faut être nu et puis plonger dans la mer, encore tout parfumé des essences de la terre, laver celles-ci dans celle-là, et nouer sur ma peau l'étreinte pour laquelle soupirent lèvres à lèvres depuis si longtemps la terre et la mer.
Al agua !  Joaquin Sorolla
Entré dans l'eau, c'est le saisissement, la montée d'une glu froide et opaque, puis le plongeon dans le bourdonnement des oreilles, le nez coulant et la bouche amère -la nage, les bras vernis d'eau sortis de la mer pour se dorer dans le soleil et rabattus dans une torsion de tous les muscles; la course de l'eau sur mon corps, cette possession tumultueuse de l'onde par mes jambes - et l'absence d'horizon. Sur le rivage, c'est la chute dans le sable, aban­donné au monde, rentré dans ma pesanteur de chair et d'os, abruti de soleil, avec, de loin en loin, un regard pour mes bras où les flaques de peau sèche découvrent, avec le glissement de l'eau, le duvet blond et la poussière de sel...
Bañistas de El Llaner, Salvador Dali
Je comprends ici ce qu'on appelle gloire: le droit d'aimer sans mesure."
Noces, Albert Camus.
La calanque du Mugel à la Ciotat , Othon Friesz
"J’avais toujours su que les ruines de Tipasa étaient plus jeunes que nos chantiers ou nos décombres. Le monde y recommençait tous les jours dans une lumière toujours neuve. Ô lumière ! c’est le cri de tous les personnages placés, dans le drame antique, devant leur destin. Ce recours dernier était aussi le nôtre et je le savais maintenant. Au milieu de l’hiver, j’apprenais enfin qu’il y avait en moi un été invincible."
L'été, Albert Camus

Le Cannet, Pierre Bonnard




"Que d'heures passées à écraser les absinthes, à caresser les ruines, à tenter d'accorder ma respiration aux soupirs tumultueux du monde! Enfoncé parmi les odeurs sauvages et les concerts d'insectes somnolents, j'ouvre les yeux et mon cœur à la grandeur insoutenable de ce ciel gorgé de chaleur. Ce n'est pas si facile de devenir ce qu'on est, de retrouver sa mesure profonde."
L'été, Albert Camus





Les villas à Bordigghera, Claude Monet

"Il y a eu une civilisation arabe : on sait son importance, puis son déclin. Il y a eu une civilisation grecque, elle a au moins sauvegardé sa substance. Au XVIe siècle, il existe une civilisation latine (je ne dis pas chrétienne sans plus), la plus résistante de toutes les civilisations aux prises avec la mer : rayonnante, elle s'avance à travers l'espace méditerranéen et, par-delà, vers les profondeurs de l'Europe, vers l'Atlantique et l'Ultramar ibérique."
La Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II, Fernand Braudel



Les Collettes, Pierre-Auguste Renoir
"Chaque été, l'air sec et brûlant du Sahara enveloppe l'étendue entière de la mer, en déborde largement les limites vers le nord. Il crée au-dessus de la Méditerranée ces "ciels de gloire", si clairs, ces sphères de lumière et ces nuits constellées d'étoiles que l'on ne trouve nulle part ailleurs. Ce ciel d'été ne se voile que lorsque, pour quelques jours, se déchaînent les vents du sud, chargés de sable, le khamsin, ou le Sirocco, le "plumbeus auster" d'Horace, gris et lourd de plomb."
La Méditerranée, Tome 1 : L'espace et l'histoire, Fernand Braudel

Les roulottes, Vincent Van Gogh




"Voyager est une impulsion ancrée dans l'imaginaire collectif de tous les peuples de la Méditerranée depuis des milliers d'années. Ce n'est pas juste de voyage physique qu'il s'agit, mais aussi mental, vers une terre promise qui remplira le voyageur d'expériences, jusqu'à un paradis terrestre souvent vu comme l'émulation d'Arcadia." (Traduit librement de la brochure de l'expo)





Paysage du Cap Brun, Charles Camoin


Bel hommage de cette expo madrilène à la Méditerranée et ses peuples : ces riverains ivres de fulgurante nature, de ferveurs farouches, de courages irraisonnables. Dans des pays irrigués de folles intrigues, de treilles succulentes, d’écumes amoureuses, d’homériques aventures. La Méditerranée est le carburant de la vie conçu le long des siècles par l’Homme du Sud : moutons et bœufs, blé et olivier, fruits et fleurs, légumes… Labourage et pâturage… Tout fut inventé sous son grand Soleil ! Y compris l’écriture !... L’écriture qui a construit les civilisations. Notre mer du Milieu, celle qui fait la sieste en rêvant à la peau hâlée de ses enfants, aux parfums des absinthes et au cuivre du sang. Celle qui au moindre coup de vent se souvient de Carthage, Bagdad, Rhodes, Rome, Tipasa, de Venise...