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vendredi 8 septembre 2017

Seven sisters, le film

De bonnes idées à la racine du scénario !

En 2073, la planète trop peuplée n’a plus assez de ressources et doit instaurer des mesures coercitives : un seul enfant est autorisé par couple. Sinon, pour les nouveaux nés illégaux, c’est la cryogénisation obligatoire en attendant des temps meilleurs. Et en effet les scènes de rues montrent une ville horriblement surpeuplée : des flots d’humains débordent des trottoirs, tels des rats. La ville est abîmée, grunge. Son architecture ne montre aucun modernisme : pas d’immeubles cleans entre lesquels vogueraient des vaisseaux fictionnels.
Au contraire, le temps semble avoir commencé son œuvre de destruction, comme si l’humanité trop nombreuse s’était avérée incapable de gérer ses problèmes d’habitat. Partout, cette foule immense, hagarde, est encadrée, surveillée par des policiers en armes. Les images donnent froid dans le dos. C’est que seul un régime autoritaire et répressif possède assez de pouvoir pour instaurer une telle politique et réprimer aussi durement d’éventuelles fratries hors-la-loi. Voilà pour les unités de lieu et de temps. J’ai apprécié cette ouverture du film, m’attendant à un 1984 revisité par les thèmes actuels de surpeuplement, de planète trop petite, d’écologie incontournable.

L’unité d’action

L’action se met en place autour d’une fratrie dissidente, et pas qu’un peu : sept sœurs naissent clandestinement. La mère meurt en couche et il n’est pas question pour le grand-père père de livrer les sept filles aux congélateurs du régime tyrannique. Sept comme les jours de la
semaine, alors elles se nommeront Monday, Tuesday… Pour tromper les pointages policiers incessants, la famille vit confinée dans un modeste appartement savamment aménagé pour la planque. Chacune ne sort qu’une fois par semaine, le jour de son prénom, affichant lors des contrôles un patronyme commun Karen Settman et arborant par de savants maquillages un aspect physique identique.
Sept pour une seule. Malgré les différences obligées entre les individualités, les goûts sexuels, les ambitions… C’est la suédoise au regard andalou Noomy Rapace qui incarne magistralement chaque jumelle. Pendant la première demi-heure, le film accumule ainsi les promesses : on allait assister à un délire schizophrénique puissance sept dans un monde totalitaire à la Orwell, filmé avec des images style steampunk. Et quelle angoisse au moment clef où lundi soir, Monday disparaît, ne rentre pas at home…

Est-ce la production Netflix qui s’en est mêlée ?

Dès la première scène de violence, le film change soudain de catégorie, bascule dans la catégorie B de ces films d’action US où il s’agit de donner en pâture aux plus voyeurs leur dose d’hémoglobine et de bouts de cerveaux. Le scénario si riche et signifiant au départ finit par s’égarer dans des rajouts multiples dénués de sens et de vraisemblance, dont le but est toujours d’alimenter les chargeurs des mitraillettes et de remplir en nombre les salles d’amateurs de scènes d’action sanglantes. Demande du producteur ?

Dommage…

Adieu à une psychologie plus aboutie des jumelles. Quid d’un subtil suspens sur leur devenir. Plus rien de l’ambiance type Brazil de cette société oppressive. Fini le thriller d'anticipation. Quelle frustration !… Dommage, le film est passé à côté de son thème.